vendredi 30 août 2013

Je woofe, ils woofent... et toi tu woofes ?


Ce billet est un peu hors sujet, mais je tenais à partager avec vous cette expérience qui selon moi, participe à construire une société nouvelle, mettant au centre l'humain, le partage et le respect de notre environnement. C'est aussi un billet qui devrait vous mettre l'eau à la bouche pour mon prochain portrait ; celui de Linda et d'Edouard qui m'ont accueillis dans leur ferme.

Si vous n'avez pas le temps de lire mon article en entier, allez directement à la fin pour découvrir la liste de mes meilleurs et pires moments !

***

Ils sont pas beaux mes légumes ?!?
La semaine dernière, j'ai passé quelques jours dans la ferme de la mare des Rufaux en tant que woofeuse. 

Woo quoi ? Le wwoofing  "willing worker in organic farm"  est un concept anglais qui consiste à travailler bénévolement pour une ferme bio. En contrepartie sont offert le logis et le couvert. Très développé en nouvelle-Zélande, c'est un excellent moyen de se rendre utile en découvrant un métier pratiqué dans le respect de l'environnement. C'est aussi une expérience humaine très riche.

Introduction à la vie à la ferme

Mercredi 17h. Rendez-vous à la Gare de Lyon avec Clément, co-woofer qui nous embarque dans sa voiture direction la Haute-Normandie, à deux petites heures de Paris. Clément est un jeune écolo convaincu et ultra-engagé non sans un certain sens de l'humour !  Nous retrouvons Moctar, un jeune malien arrivé en France depuis 2 ans. Il quitte Paris seulement pour la seconde fois… parions que ça va lui faire le plus grand bien.

Arrivés à la ferme, nous retrouvons Julien, acolyte de Clément, faisons la connaissance de Linda, notre hôte ainsi que d'Ipock le chien câlin et de Stevie le chat mélomane. Edouard, la moitié de Linda, n'est pas encore rentré de sa journée sur le marché d'Honfleur. Linda nous fait visiter la ferme : serre 1, 2, 3, les 2 hectares, le camion frigorifié où sont stockés les récoltes, l'espace de vente… Nous sommes immédiatement immergés dans l'ambiance paysanne, jouons à reconnaître les fruits & légumes, goûtons des aromates méconnus, prenons connaissance du travail qui nous attend dès le lendemain matin. En attendant le retour d'Edouard et l'heure du dîner, nous installons nos tentes devant la ferme et mettons la table.  20h passées, Edouard est de retour. Levé à 4h, sa journée à été rude. Nous dînons et ne nous couchons pas trop tard. Il faut bien dormir quand on travaille à la ferme.
Déjà, je sens que ces quelques jours vont me faire du bien, mais je ne mesure pas encore à quel point...

Apprentissage & échanges font bon ménage

Pendant 3 jours, nous allons participer aux tâches de la ferme. Pour Linda et moi, c'est récolte des produits : concombre, tomate, carotte, courgette, haricot vert, fraise, rhubarbe, repiquage des semis de choux-rave blanc, réalisation des semis d'épinard, de cresson et de mâche, confection de confitures, et préparation des repas à base des produits récoltés. Pour les garçons, les tâches sont plus physiques (mais moins méticuleuses !) :  nettoyage des pieds d'aubergines dont une partie des feuilles a été attaquée par un champignon, plantation des brocolis en champ, taillage des arbres fruitiers, récolte des pommes de terre, désherbage… Le samedi après-midi, la ferme ouvre ses portes aux clients : nous avons donc tenu à tour de rôle le stand et accueilli les clients.

Soirée Mafé
Les fameux semis
Les soirées sont chaleureuses. On apprend à se connaître, échangeons sur nos convictions mais aussi sur nos origines  ; une soirée Mafé sera proposé par Moctar, heureux de se mettre aux fourneaux et de nous apprendre à manger avec les doigts  !

Nous voilà donc au fait de comment poussent et évoluent les produits qui constituent la base de notre alimentation, et sensibilisés à l'approche de permaculture. On découvre également des variétés inconnues de concombre, de courgette, de betterave. La diversité des variétés, où la retrouve dans l'originalité des repas que Linda nous prépare. On prend conscience aussi de la difficulté du métier,  vulnérable face  aux conditions climatiques et aux prédateurs (nous avons d'ailleurs découvert que les guêpes s'attaquaient aux fraises, menaçant dangereusement la récolte).

Etre dans l'action

Cette expérience, je la conseille vivement. C'est un retour aux sources dont nous avons tous des bénéfices à tirer : une meilleur connaissance du cycle alimentaire, des ressources naturelles, de la difficulté du métier d'agriculture, mais aussi de sa noblesse. Et comme le disaient en coeur les écolos engagés qui étaient avec moi, il ne faut pas se suffire à rester entre convaincus, mais sensibiliser au maximum l'ensemble de la population. Et passer à l'action. Et le woofing est un bon moyen pour ça.

Cultiver les activités désintéressées pour découvrir les richesses que d'autres mondes peuvent nous apporter

Je crois aussi (et plus que jamais, cette expérience étant venue confirmée ma pensée) qu'il est fondamental de développer des relations hors du cadre financier. On oublie trop, dans nos sociétés actuelles, de faire les choses par simple envie, curiosité, besoin d'aventures, ou amour. Parce qu'on est "bouffé" par notre métier ou le rythme effréné de nos vies, on passe à côté de l'essentiel : l'authenticité, l'ouverture, ce que la nature a à nous offrir, l'engagement et la transmission de savoirs.  

Un impact sur le regard qu'on porte sur le monde... Et sur soi

Personnellement, cette expérience m'a confirmée qui je suis. Ca peut paraitre fort (ou légèrement perché), mais j'ai retrouvé la Emilie qu'on surnommait déjà "Dame Nature" au collège, qui a besoin de se sentir en phase avec la nature pour être en phase avec elle-même. 
Le bio n'est pas seulement bon pour notre santé, c'est aussi une façon de s'engager auprès des agriculteurs respectueux de la nature. Etre acteur de son mode de consommation, c'est aiguiser son rôle de citoyen et contribuer à rendre nos sociétés meilleures. Aussi petite soit notre contribution au regard de l'échelle de la planète.

Depuis que je suis rentrée, je consomme et cuisine différemment  et prend un plaisir nouveau à préparer les repas. C'est un bonheur (sain)ple, et rien que pour cela ça valait le coup de faire un tour à la ferme de la mare des Rufaux. Et puis j'y retournerai. Chaque saison est différente et je veux continuer à alimenter cette proximité avec les aliments que je consomme, et ceux qui les cultivent.

Mes meilleurs moments 


- La récolte des concombres en serre au milieu des bourdons, qui se régalent à butiner sans prêter la moindre attention à nous
- Aller et venir d'une serre à une autre, sur le chemin central, un arrosoir ou une brouette à la main. Un sentiment de bien-être fort m'envahissait en observant la nature autour de moi (poète la meuf)
- La préparation des repas avec Linda : ses supers conseils, ses recettes goûteuses qui allient les légumes comme je ne l'avais jamais vu. Et le plaisir de voir les autres se régaler en les découvrant à leur tour après une dure journée de labeur
- La satisfaction de venir à bout du repiquage des semis... Travail long et très minutieux qui deviendra la blague préférée de Julien : "Alors Emilie, ça avance les semis ?" Maintenant j'ai hâte de les voir planter en champ, pousser....
- La vente directe : rencontrer les clients, discuter de la ferme, de notre présence ici... Certains viennent de loin et connaissent le parcours de Linda et Edouard... C'est une approche tellement différente ! Ils viennent acheter leurs produits mais aussi rencontrer et échanger avec les producteurs, suivent leurs évolutions. Sûre qu'on ne cuisine pas de la même manière après !
- Et biensûr la convivialité des repas et des discussions pour changer le monde !

Mon pire moment !


- La récolte des fraises : moi qui pensait que ça allait être mon activité préférée, je me suis vite ravisée. Envahies par les guêpes, ça n'a plus la même saveur ! Ma phobie ne m'a pas stoppée, non, j'ai assurée mon job jusqu'au bout, mais je ne faisais pas la fière... Accroupie par terre, je relevais les feuilles, entourées de guêpes qui cela dit ne prêtaient aucune attention à moi. Il fallait cependant jouer la prudence car il arrivait qu'en attrapant une fraise, une guêpe soit en train de la dévorer par l'autre côté ! Mon self-control m'a bluffé ;)

Alors, ça vous dit ?!?

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